ARCHIVES DIPLOMATIQUES
VOL. 4 - 1861
PAG. 135-141
Mémorandum de François II, en réponse à la Circulaire de M. Ricasoli, 7 septembre 1861.
Le baron Ricasoli vient d'adresser une nouvelle circulaire, datée du 24 août, aux représentants du roi Victor-Emmanuel à l'étranger; et, cette fois, pour marcher droit à la conquête de la capitale du monde catholique, qui est son rêve chéri, il dénature les événements qui arrivent tous les jours dans l'Italie méridionale; il dénonce Rome comme le foyer des malheurs dont les villes napolitaines, naguère si florissantes, offrent le navrant spectacle.
Si l'Europe a assisté impassible à l'occupation piémontaise, elle ne peut pourtant pas ne pas avoir apprécié par elle-même, et par le moyen de correspondances exactes et impartiales, l'état lamentable des personnes et des intérêts du royaume des Deux-Siciles.
L'imperturbabilité dont fait preuve M. le ministre nous force d'élever hautement la voix contre ce honteux tissu de mensonges.
La levée de boucliers du peuple des Deux-Siciles contre les oppresseurs piémontais, que les révolutionnaires se plaisent à appeler du nom de brigandages, est tellement étendue et unanime, qu'il n'y a plus une ville ou une bourgade dans le royaume qui ne se soit associée pour soutenir le principe d'autonomie et amener la restauration de l'ancienne dynastie, dont ils se rappellent le gouvernement paternel.
Dans la circulaire, on a recours à cette dénomination déjà usée de brigands, dont la véritable signification est celle de «voleurs de grand chemin, » et on établit la ressemblance de l'insurrection napolitaine avec celle de l'écosse, de la Vendée, et celle plus récente encore de l'Espagne; mais en Écosse c'était la guerre civile, et non pas la guerre contre l'étranger; c'était l'insurrection d'une partie de la Grande-Bretagne, tandis que le royaume de Naples tout entier est en lutte contre les armes piémontaises.
La Vendée et la Biscaye luttaient également seules, et les gouvernements de l'époque donnaient à ceux qui combattaient dans la Vendée et en Espagne le même nom de brigands que le Piémont prodigue aux Napolitains qui se battent pour leur indépendance; et s'il n'y a pas encore de Charette et de Cabrera, il faut se rappeler que les noms de ces héros ne devinrent célèbres qu'après une longue résistance.
On cite, à l'appui du nom de brigands que l'on donne aux insurgés, le caractère fier des Calabrais, et, selon M. Ricasoli, enclin au pillage; et en même temps, par une bizarre contradiction , on dit que, dans les Calabres, le brigandage est moindre que partout ailleurs.
Il est pourtant bien avéré que les bandes des insurgés marchent partout sous le drapeau royaliste, avec la discipline militaire, qu'ils attaquent et se défendent militairement, et que dans les villes qu'ils occupent, leur premier soin est de briser l'écusson de Savoie, ainsi que les portraits de Victor-Emmanuel et de Garibaldi, et de les remplacer par les emblèmes et les images de leurs souverains légitimes; et là où ils s'arrêtent pour quelque temps, ils remplacent les autorités intruses par celles qu'ils étaient habitués à respecter.
Il est donc impossible de méconnaître le principe politique qu'avouent, et pour lequel se battent les insurgés de toutes les provinces napolitaines.
Les rapports de quelques agents anglais résidant dans le royaume, cités par le baron Ricasoli, n'ont aucune valeur; car, ne voulant pas tenir compte de l'esprit d'hostilité avec lequel ils sont rédigés, nous devons faire observer que leur date est trop ancienne pour pouvoir servir dans les circonstances présentes ; et ils ont dernièrement reçu un démenti formel pour une série de lettres et correspondances anglaises , et surtout par la lettre d'un autre anglais fort connu depuis longtemps à Naples, M. Craven, publiée par les journaux français.
Il n'est donc plus douteux que cette manifestation n'est pas une de ces réunions isolées et peu nombreuses de bandits qui ont infesté telle ou telle autre partie boisée de quelque province, et qui ont toujours été pour le Gouvernement du roi l'objet des mesures les plus énergiques et les plus salutaires; mais c'est bien une insurrection générale pour la manifestation d'un principe d'ordre; c'est une résistance active contre l'invasion, qui, par le sentiment national, entraîne le paysan comme le bourgeois , l'homme qui vit de son travail aussi bien que le propriétaire; et, à ce propos, il n'est pas inutile de faire remarquer que les réactions des années 1799 et 1806 eurent le même levier, c'est-à-dire la haine que le peuple des Deux-Siciles a constamment nourrie pour n'importe quelle domination étrangère.
Les rangs de l'insurrection se sont grossis par la dissolution de cette armée, que la trahison, et non le manque de courage, rendit impuissante contre les attaques de la révolution; cette armée rappelle au Piémont que, mieux commandée, elle avait déjà triomphé des légions garibaldiennes, et que la révolution en aurait été à son dernier jour si les bataillons d'un roi qui s'était toujours dit ami n'avaient traîtreusement volé à son secours; cette même armée, sur les bords du Garigliano, a vu fuir devant elle les soi-disant héros de Castelfidardo; et peut-être la résistance aurait-elle eu un autre résultat si le départ subit et inattendu de la flotte française, laissant dégarnie la droite du Garigliano, n'eût pas permis aux vaisseaux piémontais de tirer en toute sûreté sur le flanc non défendu.
C'est cette même armée qui, doublement assiégée dans une place dont les batteries ne correspondaient pas à la portée de celles des assiégéants, se défendit si bien, qu'elle força l'admiration des ennemis eux-mêmes.
Voilà ceux que M. Ricasoli accuse de lâcheté en face de ces gardes nationaux que le Piémont essaye en vain de pousser devant ses troupes pour combattre l'insurrection.
C'est bien pourtant des généraux et des officiers de cette armée que le Piémont a accueillis, qu'il a placés dans des positions élevées et comblés de dignités et d'honneurs.
La seule différence est que ces derniers sont précisément ceux qui ont mérité l'accusation de lâcheté lancée par M. Ricasoli, n'ayant pas voulu s'exposer aux dangers de la guerre, ayant abandonné leur drapeau et trahi le serment qui est la religion du soldat.
Si l'armée napolitaine a combattu si longtemps et si glorieusement, en butte à toutes les séductions et les trahisons les plus noires, il faut en trouver la raison dans la noblesse de cette même éducation militaire; car le monde entier n'ignore pas par quelles infâmes manœuvres on a forcé une partie de ces soldats à se dissoudre, et le Piémont d'ailleurs ne s'en cache pas, puis qu'il nous montre tous les jours quels sont les individus de cette armée qu'il préfère et qu'il honore.
Les nombreux soldats qui se battent contre l'envahisseur ne manquent pas, comme M. Ricasoli le prétend, de chefs volontaires, et ils ne manqueraient pas plus de généraux napolitains, si les proconsuls piémontais, dans cette crainte, ne les avait arrêtés tous, à peu d'exceptions près, et envoyés à Gênes, à Alexandrie, à Fenestrelle, sans forme de procès, sans arrêt prononcé.
Cette mesure a frappé des généraux et officiers supérieurs, garantis par les conditions de Capoue, Gaète et Messine, et qui n'étaient pas de ceux que le Piémont aurait pu décorer de l'ordre de Saint-Maurice.
Il est toutefois superflu de démontrer l'existence de ce mouvement général du royaume contre l'usurpation accomplie sous le masque d'une prétendue unité et régénération politique, lorsqu'on voit les envahisseurs fusiller tous les jours et partout des centaines de combattants, lorsqu'on voit les prisons de l'État regorger de citoyens, et le Gouvernement obligé, faute de localités, de changer en succursales de prisons les châteaux-forts, les couvents et souvent jusqu'aux cimetières, pour y entasser ses victimes, choisies dans toutes les classes de la société, lorsqu'on voit l'aristocratie, le bourgeois et souvent même l'artisan abandonner volontairement le foyer domestique, et fixer la demeure de leurs familles sur une terre étrangère.
Que M. Ricasoli veuille bien se rappeler le commerce éteint, les manufactures abandonnées, l'agriculture languissante, le gaspillage du trésor anéanti en peu de mois par les Verrès et les Pisons envoyés comme proconsuls du Piémont, les arsenaux militaires jadis si bien fournis, vides aujourd'hui, les fabriques d'armes détruites, les palais royaux tout à fait dépouillés, les nombreux employés civils et magistrats honorables destitués ou envoyés de force dans l'Italie du Nord , toutes les nouvelles impositions décrétées, ou en projet, les incendies, la désolation et la mort, et il saura alors quelles sont les causes qui forcent les Napolitains à s'armer et à combattre.
C'est une bien sanglante dérision que celle de la circulaire piémontaise, lorsqu'elle parle des bienfaits de la liberté et de la grandeur dont cette partie méridionale de l'Italie peut maintenant être fière!
M. Ricasoli fait semblant d'ignorer jusqu'à la topographie des provinces napolitaines; et voulant restreindre à quelques provinces l'insurrection , qui est générale, il déclare qu'elle n'existe que dans celles qui sont aux frontières romaines.
En même temps il dit que, dans les Abruzzes, le brigandage est moindre; de sorte que, pour M. Ricasoli, les Abruzzes ont cessé de se trouver aux frontières des États du Saint-Père. Et pourtant ces provinces ont été les premières à opposer de la résistance à l'envahisseur.
C'est là qu'ont paru les premières bandes armées qui ont forcé les généraux piémontais à capituler; et si elles se sont dissoutes par la suite, ce n'a été que sur les ordres plusieurs fois répétés de leur roi, au sortir de Gaëte.
Que M. Ricasoli laisse une fois tomber entièrement son masque et qu'il somme l'Europe catholique de lui céder le siége de la papauté pour fonder à sa place un nouveau prosélytisme, qui, par la dissolution sociale, nous conduirait à l'anéantissement des traditions du catholicisme; mais qu'il ne vienne pas nous parler de dépôts d'armes cachés à Rome, de conspiration , d'enrôlements et d'envois secrets de renforts aux insurgés napolitains.
Le territoire romain n'est pas assez peuplé pour jamais y faire des levées : ce sont, au contraire, les paysans des Abruzzes qui viennent pendant l'hiver habiter ces contrées.
Plusieurs fois la surveillance française a voulu s'assurer s'il n'y avait pas près des frontières quelques agents enrôleurs; et le résultat de ces investigations, y compris les enquêtes à l'occasion des dernières arrestations, dont M. Ricasoli fait tant de bruit, a donné la certitude que les personnes qui fréquentaient ces contrées ne faisaient que vaquer à leurs affaires industrielles, d'où leur immédiat élargissement; et nous n'hésitons pas à en appeler aux mêmes troupes françaises pour témoigner de la loyauté de la conduite du gouvernement du Saint-Père et de S. M. le Roi.
François II doit trop de reconnaissance au Père des fidèles pour qu'il puisse vouloir ajouter à toutes les amertumes qui troublent sa tranquillité.
Ce fut à son arrivée à Rome, après la chute de Gaëte, que S. M. le Roi donna des ordres pour la reddition des places de Civitella del Tronto et de Messine, et pour la dissolution des bandes armées.
Le Roi prit la force de donner ces ordres dans le même puissant amour pour son peuple qui, neuf mois auparavant lui fit arrêter les bras de ses soldats dans la capitale de la Sicile, et évacuer Palerme au moment où les hordes garibaldiennes étaient près de succomber à la Fieraventica, et qui, trois mois plus tard, lui conseilla de quitter Naples sans coup férir, non pour la céder à l'ennemi, mais pour lui épargner les terribles conséquences de la guerre, qu'il allait faire ailleurs.
S'il eut voulu pousser son peuple à une lutte désespérée, lorsque Gaëte résistait encore glorieusement, il l'aurait fait, et aurait ainsi placé l'envahisseur dans la dure alternative, ou de continuer lu siège, et de perdre le royaume derrière lui, ou de courir sus aux insurgés, de débloquer la place, et de laisser ainsi le champ libre aux attaques d'une nombreuse garnison.
Le roi des Deux-Siciles est fier pourtant de la manifestation unanime et spontanée de son peuple; et il comprend son devoir de le protéger et de le garantir, dès qu'il en aura le pouvoir, tout autant qu'il tient au droit qui lui vient, à lui, comme à sa dynastie, de la légitime succession, et de la volonté si généralement unanime de son peuple, et bien autrement exprimée que celle de ce plébiscite mensonger qui suivit mais ne précéda pas l'invasion piémontaise, dont l'Europe connaît à l'heure qu'il est les indignes manoeuvres.
C'est pourquoi il est toujours décidé d'accourir dès qu'il le croira nécessaire et de la manière qu'il jugera convenable; c'est pour lui un devoir et un droit; mais jamais il n'est entré dans sa pensée de faire d'une terre hospitalière la base de ses opérations militaires.
Il a, au contraire, attaché la plus grande importance à ne pas donner la moindre prise à ce soupçon. Si pourtant S. M. le Roi a voulu, par sa conduite, garantir le Saint-Siège, il ne faut pas croire qu'il soit peu soucieux de ses devoirs envers son peuple, et il n'attend que le moment favorable pour les remplir.
Si les inspirations partaient de Rome, comme M. Ricasoli le prétend, il faudrait croire que ni les généraux, ni les moyens, ni les plans ne manqueraient aux insurgés, tandis que s'étant spontanément armés, ils n'ont que des chefs volontaires; ils se munissent d'armes en les arrachant aux gardes nationaux; et dans leurs luttes désespérées on ne voit pas le moindre plan préconçu.
M. Ricasoli tombe dans une flagrante contradiction; il dit que les insurgés sont des bandits altérés de sang et de pillage, et quelques lignes pins bas il affirme qu'ils dépendent de Rome et sont dirigés dans un but politique.
De deux choses l'une : ou ce sont des hommes se battant dans un but politique, et alors ils sont mus par l'amour de la patrie et de leur roi, dont ils lèvent le drapeau; ou bien ce sont des bandits, et alors ils ne pourraient ni ne voudraient certainement pas dépendre de Rome.
Par rapport au caractère de férocité que M. Ricasoli attribue à l'insurrection, il ne fait par là que rejeter sur les bandes nationales les atrocités commises par les Piémontais; car il est clairement prouvé que, partout où l'insurrection s'est manifestée, elle n'a fait que désarmer les gardes nationaux, et qu'il n'y a eu à déplorer d'autres malheurs que ceux qui sont les conséquences naturelles des combats.
Il eet également constaté qu'elle a < généreusement renvoyé » les prisonniers piémontais, pendant que ceux-ci, en revanche, ont poussé l'inhumanité jusqu'à immoler tous ceux qui tombaient entre leurs mains avec un cruel raffinement de barbarie, à fusiller sur un simple soupçon des malheureux inoffensifs arrachés à leurs familles et à leurs champs.
L'Europe a dû frémir au récit de la destruction de villes entières, comme Auletta et Montefalcione ; et les ruines de Pontelandolfo, San Marco, Casalduni, Rignano, Viesti, Spinelli et autres sont encore fumantes, là où les Piémontais ont fait périr femmes, enfants, vieillards et malades, et commis des actes de brutalité que la pudeur nous défend de mentionner.
Il est aussi bien étrange que ce ministre ose parler des entraves dont souffre l'action du gouvernement à cause de la garantie des libertés constitutionnelles, pendant que la presse, même la plusrévolutionnaire, nous dénonce tous les jours et à chaque page les exécutions sans procès, les arrestations arbitraires; les domiciles violés et les assassinats politiques commis en plein jour et sur la voie publique ; pendant qu'on nous donne toujours de nouveaux exemples de suppression de journaux qui élèvent quelquefois la voix contre cette série de violences, d'abus ; et même on fait tout briser et détruire dans les imprimeries des journaux les plus indépendants, dont le crime est souvent d'avoir donné un autre nom que celui de brigandage à l'insurrection napolitaine.
Les rédacteurs et les gérants sont jetés en prison avant d'être jugés et sans aucun avertissement préalable.
Ce honteux étalage de la camorra n'est dû qu'au gouvernement révolutionnaire, qui l'a groupée autour de lui comme ses sicaires : la camorra est composée du rebut des galères que le gouvernement du Roi tenait séparé des autres dans les prisons, et dont la Révolution à fait une institution nationale.
Il n'est pas superflu de rappeler que, dans l'année 1859, lorsque le gouvernement de Sa Majesté déporta sur uneîle quelques-uns de ces camorristi, qui, ayant expié leur peine, parurent dans la ville, la presse révolutionnaire jeta les hauts cris contre cette violation de la liberté individuelle et gratifia les camorristi du nom de libéraux.
L'Europe n'a jamais entendu parler de ceux-ci comme séides du gouvernement qu'après la révolution.
Ce sont eux qui plongent la capitale dans la terreur, ce sont eux qui arrêtent, qui brisent les presses, qui attaquent, blessent et tuent, sûrs de leur impunité.
Une époque pareille de destruction, de ruines et de meurtres, a-telle jamais existé sous le gouvernement des Bourbons?
Peut-on compter dans le dernier demi-siècle un nombre d'exécutions capitales qui s'approche de celui des fusillés dans un seul jour par les Piémontais ?
Les temps d'Attila pâlissent en comparaison de ceux du Piémont, La force brutale de la conquête la plus inqualifiable veut soumettre la force de l'intelligence d'un peuple qui soutient sa dignité, qui secoue le joug de la tyrannie apportée sous le masque de liberté, et développée par la suite avec la férocité de l'assassin.
Le peuple des Deux-Siciles, riche de toutes les ressources sociales, fier de ces génies qui furent l'orgueil de l'Italie, un peuple fort d'environ dix millions d'âmes, possédant des villes remarquables et puissantes, ne pouvait pas, ne peut et ne pourra jamais devenir province du Piémont, dépourvu de tout ce qui constitue la grandeur des nations.
Le peuple des Deux-Siciles combat donc spontanément, et sans aucune impulsion jusqu'à présent, pour revendiquer son ancienne grandeur : il réclame le retour de cette splendeur imprimée sur son front par l'immortel Charles III, qui le tira de son état de province; il demande le respect et la conservation de la religion de ses pères dans toute sa pureté, que l'intrigue, la lâcheté et la trahison ont voulu lui arracher.
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VOL. 4 - 1861
PAG. 135-141
Memorandum di Francesco II, in risposta alla Circolare di M. Ricasoli, 7 settembre 1861.
Il barone Ricasoli ha appena inviato una notizia circolare, datata del 24 agosto, ai rappresentanti del re Victor-Emanuele all'estero; e, questa volta, per camminare diritto alla conquista della capitale del mondo cattolico che è il suo sogno caro, snatura gli avvenimenti che arrivano dall'Italia meridionale tutti i giorni; denuncia Roma come il focolare delle disgrazie di cui le città napoletane, poc'anzi così fiorenti, offrono il desolante spettacolo.
Se l'Europa ha assistito impassibile all'occupazione piemontese, non può tuttavia non avere apprezzato da se stessa, e per il mezzo di corrispondenze esatte ed imparziali, lo stato penoso delle persone e degli interessi del Reame delle Due Sicilie.
L'imperturbabilità di cui fa prova M. il ministro ci costringe di alzare altamente la voce contro questo vergognoso tessuto di menzogne.
La levata di scudi del popolo delle Due Sicilie contro gli oppressori piemontesi, che i rivoluzionari amano chiamare col nome di brigantaggio, è talmente vasta ed unanime, che non c’è più una città od una borgata nel Regno che non si sia associata a sostenere il principio di autonomia e portare la ristorazione della vecchia dinastia di cui si ricordano il governo paterno.
Nella circolare, si fa già ricorso a questa denominazione consumata di briganti di cui il vero significato è quella di "ladri di grande strada", e si stabilisce la somiglianza dell'insurrezione napoletana con quella dello sbuccio!, della Vendea, e quella più recente ancora della Spagna; ma in Scozia era la guerra civile, e non la guerra contro lo straniero; era l'insurrezione di una parte del Gran Bretagna, mentre il Regno di Napoli tutto intero è in lotta contro le armi piemontesi.
La Vandea e la Biscaglia lottavano anche da soli, ed i governi dell'epoca davano a quelli che combattevano nella Vendea ed in Spagna lo stesso nome di briganti che il Piemonte elargisce ai Napoletani che si battono per la loro indipendenza; e se non c'è ancora Charette et de Cabrera, bisogna ricordarsi che i nomi di questi eroi diventarono celebri solamente dopo una lunga resistenza.
Si cita, a sostegno del nome di briganti che si dà agli insorti, il carattere fiero dei calabresi, e, secondo M. Ricasoli, incline al saccheggio; ed allo stesso tempo, per una bizzarra contraddizione, si dice che, nelle Calabrie, il brigantaggio è inferiore che dovunque altrove.
Tuttavia è evidente che le bande degli insorti marciano sotto la bandiera realista, con la disciplina militare, dovunque attaccano e si difendono militarmente, e che nelle città che occupano, la loro prima cura è di rompere lo scudo della Savoia, così come i ritratti di Victor-Emanuele e di Garibaldi, e di sostituirli con gli emblemi e le immagini dei loro sovrani legittimi; e là dove si fermano per qualche tempo, sostituiscono le autorità intruse con quelle che erano abituati a rispettare.
È dunque impossibile ignorare il principio politico che si evidenzia, e perchè si battono gli insorti di tutte le province napoletane.
I rapporti di alcuni agenti inglesi che risiedono nel regno, citati dal barone Ricasoli, non hanno nessuno valore; perché, non volendo tenere conto dello spirito di ostilità con il quale sono redatti, dobbiamo fare osservare che la loro data è troppo vecchia per potere servire nelle circostanze presenti; ed essi hanno ricevuto ultimamente una smentita formale per una serie di lettere e corrispondenze inglesi, e soprattutto per la lettera di un alto inglese da tempo molto conosciuto a Napoli, M. Craven, pubblicato dai giornali francesi.
Non c'è più dubbio di questa manifestazione dunque, non è una di quelle riunioni isolate e poco numerose di banditi che hanno infestato questa o quella zona boscosa di qualche provincia, e che sono sempre stati per il Governo del re l'oggetto delle misure più energiche e più salutari; ma sono sicuramente un'insurrezione generale per la manifestazione di un principio di ordine; è una resistenza attiva contro l'invasione che, per il sentimento nazionale, trascina il contadino come il borghese, l'uomo che vive bene quanto il proprietario del suo lavoro; e, a questo proposito, non è inutile fare notare che le reazioni degli anni 1799 e 1806 ebbero la stessa leva, quanto e odioso dire che il popolo delle Due Sicilie è costantemente alimentato ad ogni dominio straniero.
I ranghi dell'insurrezione si sono ingrossate dallo scioglimento di questo esercito (napoletano), che il tradimento, e non la mancanza di coraggio, rese impotente contro gli attacchi della rivoluzione; questo esercito ricorda al piemonte che, comandato meglio, aveva superato già le legioni garibaldine, e che per la rivoluzione sarebbe stata la sua ultima giornata, se i battaglioni di un re che si era sempre detto a tradimento amico non fossero andate in soccorso (ai garibaldini); questo stesso esercito, sui bordi del Garigliano, ha visto fuggire davanti a lui i sedicenti eroi di Castelfidardo; e forse la resistenza avrebbe avuto un altro risultato se la partenza improvvisa ed inattesa della flotta francese, lasciando sguarnita la destra del Garigliano, non avesse permesso ai vascelli piemontesi di tirare con sicurezza sul fianco indifeso.
È questo stesso esercito che, assediato doppiamente in un posto in cui le batterie non corrispondevano alla portata di queste degli assedianti, si difese così bene, che costrinse l'ammirazione dei loro stessi nemici.
Ecco quelli che M. Ricasoli accusa di vigliaccheria di fronte a queste guardie nazionali che il Piemonte ha cercato invano a spingere davanti alle sue truppe per combattere l'insurrezione.
Eppure i generali e gli ufficiali di quell'esercito che il piemonte ha ricevuto, egli ha posto in posizioni alte e piene di dignità e onore.
L'unica differenza è che questi sono proprio quelli che meritano l'accusa di vigliaccheria lanciata dal signor Ricasoli, non avendo voluto esporsisi ai pericoli della guerra, avendo abbandonato la loro bandiera e tradito il giuramento che è la religione del soldato.
Se l’armata napoletana ha combattuto così molto tempo e così gloriosamente, esposti a tutte le seduzioni ed i tradimenti più neri, ne bisogna trovare la ragione nella nobiltà di questa stessa educazione militare; perché il mondo intero non ignora con quali infami manovre si è costretto una parte di questi soldati a sciogliersi, ed il pemonte non ne nasconde del resto, poi ci mostra che tutti i giorni sono gli individui di questo esercito che preferisce e che onora.
I numerosi soldati che si battono contro l'invasore non mancano, come M. Ricasoli lo pretende, di capi volontari, e non mancherebbero non più di generali napoletani, se i proconsoli piemontesi, in questo timore, non li avevano fermati tutti, a poche eccezioni vicino, ed inviati a Genova, ad Alessandria, a Fenestrelle, senza forma di processo, senza arresto pronunziato.
Questa misura ha colpito dei generali ed ufficiali superiori, garantiti dalle condizioni di Capua, Gaeta e Messina, e che non erano di quelli che il piemonte avrebbe potuto decorare dell'ordine di Santo-Maurice.
È tuttavia superfluo dimostrare l'esistenza di questo movimento generale del regno contro l'usurpazione compiuta sotto la maschera di una pretesa unità e rigenerazione politica, quando si vede gli invasori fucilare tutti i giorni delle centinaia di combattenti dovunque, quando si vede che le prigioni dello stato traboccare di cittadini, ed il governo (piemontese) obbligato, per mancanza di località, di cambiare in succursali le prigioni i castello-forti, i conventi e spesso perfino i cimiteri, per ammucchiare le sue vittime, prese in tutte le classi della società, quando si vede l'aristocrazia, il borghese e spesso anche l'artigiano abbandonare volontariamente il focolare domestico, e fissare la casa delle loro famiglie su una terra straniera.
Che M. Ricasoli ben voglia ricordare che il commercio langue, le manifatture abbandonate, l'agricoltura languisce, lo spreco del tesoro annientato in pochi mesi dai Verrès ed i Pisons mandati come proconsoli dal piemonte, gli arsenali militari un tempo molto forniti, oggi vuoti, le fabbriche di armi distrutte, i palazzi reali completamente spogli, i numerosi impiegati civili e onorabili magistrati destituiti o con la forza inviati nell'Italia del Nord, tutte le nuove imposizioni decretate, o in progetto, gli incendi, la desolazione e la morte, ed egli saprà allora quale sono le cause che costringono i Napoletani ad armarsi ed a combattere.
È una beffa molto sanguinosa che la circolare piemontese, quando si parla dei benefici della libertà e della grandezza di cui questa parte meridionale dell'Italia può essere ora fiera!
M. Ricasoli finge di ignorare la topografia delle province napoletane; e volendo restringere ad alcune province l'insurrezione che è generale, dichiara che esiste solamente in quelle vicine alle frontiere romane.
Allo stesso tempo dice che, negli Abruzzi, il brigantaggio è inferiore; così che, per M. Ricasoli, gli Abruzzi hanno smesso di trovarsi alle frontiere degli Stati del Santo Padre.
E tuttavia queste province sono state le prime ad opporre resistenza all'invasore.
È là sembrava che le prime bande armate che hanno costretto i generali piemontesi a capitolare; e se si sono sciolte in seguito, lo sono state solamente per gli ordini, parecchie volte ripetuti, dal loro Re, a portarlo fuori di Gaeta.
Che M. Ricasoli lascia una volta cadere interamente la sua maschera e che la somma Europa cattolica di cedere la sede del papato per fondare al suo posto un nuovo proselitismo che, per lo scioglimento sociale, ci condurrebbe all'annientamento delle tradizioni del cattolicesimo; ma che non venga a parlarci di depositi di armi nascoste a Roma, di cospirazione, di arruolamenti e di invii segreti di rinforzi agli insorti napoletani.
Il territorio romano non è popolato mai abbastanza per fare arruolamenti: sono invece i contadini degli Abruzzi che vengono durante l'inverno ad abitare queste contrade.
Parecchie volte la sorveglianza francese ha voluto assicurarsi se non c'erano vicino alle frontiere alcuni agenti che arruolassero (enrôleurs); ed il risultato di queste investigazioni, ivi compreso le inchieste in occasione degli ultimi arresti di cui M. Ricasoli fa tanto rumore, ha dato la certezza che le persone che frequentavano queste contrade badavano solamente ai loro affari industriali, e quindi la scarcerazione immediata; e noi non esitiamo a chiamare alle stesse truppe francesi a dimostrare lealtà di condotta del governo del Santo Padre e di S. M. il Re.
Francesco II deve troppa riconoscenza al Padre dei fedeli affinché possa volere aggiungere a tutte le amarezze anche quelle che turbano la sua tranquillità.
Era al suo arrivo a Roma, dopo la caduta di Gaeta che S. M. il Re diede degli ordini per la resa dei posti di Civitella del Tronto e di Messina, e per lo scioglimento delle bande armate .
Il Re prese la forza di dare questi ordini nello stesso amore potente per il suo popolo che, nove mesi prima fece fermare le braccia dei suoi soldati nella capitale della Sicilia, ed evacuare Palermo nel momento in cui lei orde garibaldine erano vicino a perire alla Fieraventica, e che, tre mesi più tardi, egli consigliava di lasciare Napoli senza colpo ferire, non per cederla al nemico, ma per risparmiare egli le terribili conseguenze della guerra, che andava a fare altrove.
Se avesse voluto spingere il suo popolo ad una lotta disperata, quando Gaeta resisteva ancora gloriosamente, l'avrebbe fatto, ed avrebbe posto così l'invasore nella dura alternativa, o di continuare l’assedio, e la perdita del regno dietro lui, o di incorrere negli insorti, di sbloccare il posto, e di lasciare così il campo libero agli attacchi di una numerosa guarnigione.
Il re delle Due Sicilie è orgoglioso tuttavia della manifestazione unanime e spontanea del suo popolo; ed egli comprende il suo dovere di proteggerlo e di garantirlo, appena ne avrà il potere, ogni volta che egli avrà il diritto che gli viene, a lui, come alla sua dinastia, dalla legittima successione, e dalla volontà così generalmente unanime del suo popolo, ed espressa molto diversamente che quella di questo plebiscito menzognero che avviene subito dopo l'invasione piemontese di cui ora l'Europa conosce le vergognose manovre.
Di conseguenza è ancora deciso di accorrere appena lo crederà necessario e del modo che giudicherà adatto; è per lui un dovere ed un diritto; ma mai non è entrato nel suo pensiero di fare di una terra accogliente la base delle sue operazioni militari.
Ha dato, al contrario, la massima importanza a non dare l'inferiore prende a questo sospetto.
Se tuttavia S. M. il Re ha voluto, per la sua condotta, garantire la Santa Sede, non bisogna credere che sia poco preoccupato dei suoi doveri verso il suo popolo, ed egli aspetta solamente il momento favorevole per adempirli.
Se le ispirazioni partissero da Roma, come M. Ricasoli lo pretende, bisognerebbe credere che né i generali, né i mezzi, né i piani non mancherebbero agli insorti, mentre essendo armato spontaneamente si hanno solamente dei capi volontari; essi si muniscono di armi strappandoli alle guardie nazionali; e nelle loro lotte disperate non si vede l'inferiore piano preconcetto.
M. Ricasoli cade in una flagrante contraddizione; dice che gli insorti sono dei banditi assetati di sangue e di saccheggio, ed alcune righe sotto afferma che dipendono da Roma e sono diretti per motivi politici.
Delle due cose una: o sono degli uomini che si battono per motivi politici, ed allora sono mossi per l'amore della patria e del loro re da cui sollevano la bandiera; o sono dei banditi, ed allora non potrebbero né non vorrebbero certamente dipendere da Roma.
Rispetto al carattere di ferocia che M. Ricasoli attribuisce all'insurrezione, non ci fa da che rigettare sulle guardie nazionali le atrocità commesse dai piemontesi; perché è provato chiaramente che, dovunque dove l'insurrezione si è manifestata, ha fatto disarmare solamente le guardie nazionali, e che non ha avuto da deplorare altre disgrazie quelle che sono le naturali conseguenze dei combattimenti.
Egli ha anche constatato che ha < rinviato generosamente> i prigionieri piemontesi, mentre questi, in compenso, hanno spinto l'inumanità fino ad immolare tutti quelli che cadevano tra le loro mani con una crudele raffinatezza di barbarie, a fucilare su un semplice sospetto degli infelici innocui strappati alle loro famiglie ed ai loro campi.
L'Europa è dovuta rabbrividire al racconto della distruzione di città intere, come Auletta e Montefalcione; e le rovine di Pontelandolfo, San Marco, Casalduni, Rignano, Viesti, Spinelli ed altri sono ancora fumanti, là dove i piemontesi hanno fatto perire donne, bambini, vecchi e malati, e commesso degli atti di brutalità che il pudore ci proibisce menzionare.
È anche strano che questo ministro osa parlare delle pastoie di cui soffre l'azione del governo a causa della garanzia delle libertà costituzionali, mentre la stampa, anche quella più rivoluzionaria, denuncia tutti i giorni ed ad ogni pagina le esecuzioni senza processo, gli arresti arbitrari; i domicili violati e gli assassini politici commessi in pieno giorno e sulla via pubblica; mentre ci si dà sempre dei nuovi esempi di soppressione di giornali che alzano talvolta la voce contro questa serie di violenze, di abuso; e stesso si fa di tutto per rompere e distruggere nelle tipografie dei giornali più indipendenti di cui il crimine è spesso di avere dato un altro nome che quello di brigantaggio all'insurrezione napoletana.
I redattori ed i gestori sono gettati in prigione prima di essere giudicati e senza nessuno avvertimento preliminare.
Questa mostra vergognosa della camorra è dovuta solamente al governo rivoluzionario che l'ha raggruppata intorno a lui come i suoi sicari: la camorra è composta del rifiuto delle galere che il governo del Re teneva separato degli altri nelle prigioni, e di cui la Rivoluzione ha fatto un'istituzione nazionale.
Non è superfluo ricordare che, nell'anno 1859, quando il governo di Sua Maestà deportò su un'isola alcuni di questi camorristi che, avendo espiato la loro pena, apparvero sulla città, la stampa rivoluzionaria gettò le alte grida contro questa violazione della libertà individuale e gratificò i camorristi del nome di liberali. (che dire di più)
L'Europa non ha sentito parlare mai di questi come leccapiedi del governo solo dopo la rivoluzione.
Questi sono coloro che ammorbano la capitale col terrore, sono loro che decidono a chi rompere le stampe attaccano, feriscono ed uccidono, sicuri della loro impunità.
Un'epoca simile di distruzione, di rovine e di omicidi, non è mai esistito sotto il governo dei Borbone?
Possiamo contare nell'ultimo mezzo-secolo un numero di esecuzioni capitali che si avvicina a quello dei fucilati in un solo giorno dai piemontesi?
I tempi di Attila impallidiscono in paragone a quelli del Piemonte, La forza brutale della conquista più inqualificabile vuole sottomettere la forza dell'intelligenza di un popolo che sostiene la sua dignità che scuote il giogo della tirannide portata sotto la maschera di libertà, ed è evoluta in seguito con la ferocia dell'assassino.
Il popolo delle Due Sicilie, ricco di tutte le risorse sociali, fiero di quei geni che furono l'orgoglio dell'Italia, un popolo forte di circa dieci milioni di anime, che possiede delle città straordinarie e potenti, non poteva, non può e non potrà diventare mai provincia del piemonte, privo di tutto ciò che costituisce la grandezza delle nazioni.
Il popolo delle Due Sicilie combatte dunque spontaneamente, e senza nessuno impulso esterno finora, per rivendicare la sua antica grandezza: chiede il ritorno di quel splendore stampato sulla sua fronte dell'immortale Carlo III che lo trasse dal suo stato di provincia; chiede il rispetto e la conservazione della religione dei suoi padri in tutta la sua purezza, che l'intrigo, la vigliaccheria ed il tradimento hanno voluto strappargli.
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